Le voyage c’est aussi une immersion dans une culture, en Colombie on parle de cultures tant la diversité des populations est importante.
Voici le début de notre série sur les cultures indigènes en Colombie. On ne pourra pas traiter des 80 peuples autochtones sur le blog, mais on va essayer de vous parler de certains que nous connaissons un peu.
Los de notre découverte du parc de la Makuira nous avons eu la chance de pouvoir échanger longuement sur la culture Wayuu avec Mayerli, garde du parc national et guide Wayuu.
Plus tard nous sommes devenus amis avec Jeanne qui travaille avec les femmes Wayuu et qui propose une belle expérience d’immersion culturelle à Manaure, et avec qui nous avons pu également beaucoup partager.
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Cosmovision Wayuu
Peuple indigène de La Guajira

Quatre « générations » se sont succédé pour créer le monde :
- La première génération est constituée de la terre, la pluie, la lune et le soleil
- La deuxième génération, les arbres
- La troisième, les animaux
- La quatrième, le peuple Wayúu.
Au commencement des temps Wolunka, fille de la terre mère et de la pluie, était la seule femme sur terre, mais son vagin était impénétrable et elle ne pouvait enfanter.
Alors qu’elle était en train de se baigner dans une rivière de l’actuel parc de la Makuira, Kashi (la lune) envoya les « trois formateurs » iipatuchon (cœur de pierre) et les jumeaux Simirio pour lui tendre un piège. Ils tirèrent une flèche qui eut pour effet de détruire les dents qu’elle possédait à l’entrée de son vagin et qui l’empêchaient de pouvoir procréer.
Ainsi Kashi et les 3 formateurs s’accouplèrent avec Wolunka et Wolunka donna naissance au peuple Wayuu.
Cette légende peut apparaître comme ayant un rapport direct, un rituel très important dans la culture Wayuu : l’Encierro qui marque l’arrivée des premières règles chez les jeunes filles Wayuu.
L’Encierro, rite de passage Wayuu
Peuple indigène de La Guajira

La femme Wayuu vit deux périodes dans sa vie : quand elle une petite fille et quand elle se développe et devient femme.
Lorsque les filles deviennent adolescentes, elles sont enfermées dans une maison de la rancheria pour y apprendre le savoir ancestral pour être une femme Wayuu, c’est le Süttüsü Paülü’ü, l’encierro, l’enfermement : un rite de passage qui revêt un caractère symbolique de nettoyage du corps et de l’esprit et d’apprentissage du monde.
Dans la tradition la jeune fille doit rester enfermée pendant un an et ne reçoit la visite que des femmes du clan. Aujourd’hui ce rituel s’est assoupli et la durée peut varier selon les familles à quelques mois, quelques semaines voire même quelques jours.
Pendant cette période on lui transmet des éléments importants de la tradition Wayuu, elle va recevoir des soins corporels, une diététique particulière pour nettoyer le corps, des apprentissages pratiques pour apprendre à tisser et à cuisiner et des conseils des femmes de la famille pour la préparer à sa vie d’adulte et de femme Wayuu.
Avant d’entrer dans la maison où elle restera enfermée, la jeune fille doit se débarrasser de tout ce qu’elle possédait pour laisser partir l’esprit de l’enfance. On lui coupe les cheveux (avant on leur rasé la tête entièrement), on lui enlève ses vêtements et ses chaussures.
Les nouveaux cheveux qui vont pousser durant l’encierro symbolisent le développement de cette nouvelle vie que la femme va commencer à tisser. Les femmes de la famille vont lui apprendre à tisser, à tisser les mochilas, à tisser les chinchorros, à tisser sa vie. Durant el encierro, elle devra d’ailleurs terminer de tisser un chinchorro qui deviendra le chinchorro qu’elle devra utiliser avec son futur mari.
Activités Coup de coeur
Vivre une expérience culturelle dans une famille Wayuu
À l’opposée des traditionnelles « tarde de rancheria », cette expérience est centrée sur la rencontre et le partage de la vie quotidienne dans la communauté. Le temps d’une matinée ou d’une soirée, c’est avec un sentiment de privilège que vous approcherait au plus près des traditions Wayuu.
Le fonctionnement clanique
Wayuu, Peuple indigène de La Guajira

La femme est le pilier de la communauté Wayuu qui fonctionne sur un système matrilinéaire, c’est-à-dire que la filiation passe par le lien du sang de la mère. L’héritage du nom, de l’appartenance à un clan, des biens éventuels, tout vient par la mère, par la femme.
La société Wayuu est également matrilocal, c’est-à-dire que l’homme change de clan lorsqu’il se marie et rejoint sa femme dans sa famille.
Sous bien des aspects, c’est aussi une société avunculaire, c’est-à-dire que le frère de la mère a un rôle à part. C’est un peu compliqué à expliquer, mais par exemple un homme va considérer les enfants de sa sœur comme ses enfants (de son clan), peut-être plus que ses propres enfants qui eux appartiennent au clan de sa femme.
Pour appuyer ce rôle particulier de « l’oncle maternel/frère de la mère », celui qui règle les conflits au sein de la communauté est le Pütchipüü, « le palabrero », doit être l’oncle du côté maternel du clan.
On parle souvent de société matriarcale pour parler des Wayuu, mais de mon point de vue ces caractéristiques sont loin de notions de « pouvoir » qui pourrait justifier l’idée que c’est une société vraiment matriarcale, à l’égal d’une société patriarcale où pour le coup l’homme est tout puissant.
La société Wayuu reste une société machiste où c’est la femme qui fait à manger, qui sert l’homme, etc.
Mais on dit que les femmes sont les leaders au sein de la communauté et que les hommes en sont les « représentants » vers le monde extérieur. Et la femme garde également un rôle de gardien des savoirs ancestraux, notamment celui très important du tissage. Savoir qu’elle communique pendant l’encierro notamment.
L’argent est souvent géré par les femmes, vu que c’est elles qui vendent, les femmes Wayuu sont réputées bonnes commerçantes. L’homme va traire les chèvres et la femme vend le fromage au marché. L’homme va pêcher et la femme va vendre le poisson au marché. Il n’y a finalement que les mochilas et les chinchorros qui sont faits ET vendus par les femmes Wayuu.
On peut imaginer que donner aux femmes la responsabilité d’aller vendre sur les marchés était aussi une façon pour les hommes de se protéger. Vu les problématiques de guerre de clans, les hommes avaient beaucoup d’ennemis et évitaient donc de trop sortir en public sur les marchés pour éviter de donner le bâton pour se faire battre (Dar papaya)…
L’Ouutsü est l’autorité spirituelle du clan. L’Ouutsü, qui peut-être un homme ou une femme, a le savoir médicinal et la faculté de communiquer avec le monde naturel et surnaturel à travers les rêves. Les rêves sont un élément important de la culture Wayuu.
Activités Coup de coeur
Vivre une expérience culturelle dans une famille Wayuu
À l’opposée des traditionnelles « tarde de rancheria », cette expérience est centrée sur la rencontre et le partage de la vie quotidienne dans la communauté. Le temps d’une matinée ou d’une soirée, c’est avec un sentiment de privilège que vous approcherait au plus près des traditions Wayuu.
Le rôle des rêves chez les Wayuu
Peuple indigène de La Guajira

Les rêves ont une importance particulière dans la culture Wayuu.
Les rêves constituent le monde des esprits, mais c’est un monde accessible avec lequel on peut communiquer. C’est un monde dans lequel on peut notamment communiquer avec les ancêtres, qui peuvent y délivrer des messages.
Les rêves sont analysés en famille, les anciens les interprètent et le contenu des rêves peut avoir un impact concret sur la vie quotidienne, les décisions à prendre ou les tâches à effectuer. Si quelqu’un se réveille en pleine nuit à cause d’un cauchemar, il devrait se lever immédiatement et aller se laver à l’eau froide pour évacuer les mauvaises énergies.
Pour le tissage des Mochilas, on dit que c’est dans les rêves que les femmes vont puiser leur inspiration.
La couleur rouge
Wayuu, Peuple indigène de La Guajira

La couleur rouge est une couleur très importante dans la culture Wayuu.
Le rouge est la couleur du sang que Wolunka a déversé dans la rivière. Le sang et la couleur rouge représentent également le lien qu’on les Wayuu avec la famille maternelle.
Le rouge est la couleur de la terre que les femmes utilisent pour s’enduire entièrement le visage et se protéger du soleil. C’est aussi la couleur que les Wayuus utilisent pour dessiner sur leur visage les symboles traditionnels avant les célébrations.
L’oiseau emblématique de la Guajira, « el Rey Guajiro », est également entièrement rouge. La légende raconte qu’au moment où la rivière se colorait du sang de Wolunka passa l’oiseau roi Guajiro. Il plongea dans l’eau ensanglantée pour en ressortir entièrement rouge !
Enfin le rouge est la couleur traditionnelle de la robe utilisée par les femmes pour danser la Yonna, la danse traditionnelle Wayuu.
Activités Coup de coeur
Vivre une expérience culturelle dans une famille Wayuu
À l’opposée des traditionnelles « tarde de rancheria », cette expérience est centrée sur la rencontre et le partage de la vie quotidienne dans la communauté. Le temps d’une matinée ou d’une soirée, c’est avec un sentiment de privilège que vous approcherait au plus près des traditions Wayuu.
La Yonna, danse sacrée
Wayuu, Peuples indigènes de Colombie

La Yonna est une danse traditionnelle qui est présente dans tous les moments importants de la communauté.
La musique et les mouvements vont changer selon la célébration. Il y a quatre types de Yonna :
- Ritual de inmortalidad (rituel de l’immortalité)
- ritual de sanación (rituel de guérison)
- Ritual de salida de la señorita (rituel de la sortie de la jeune fille de l’encierro)
- Ritual de armonización con el territorio (rituel d’harmonisation avec le territoire)
Les visages sont peints de motifs traditionnels : traits du guerrier pour les hommes, spirales pour les femmes, une des formes les plus récurrentes dans la culture Wayuu, qui symbolise le chemin de la vie, les cycles de la nature, la figure qui forme aussi la base de la mochila Wayuu.
La Yonna se danse en cercle, autour du feu, et c’est la femme qui toujours avance vers l’homme qui lui doit reculer et retarder le plus possible le moment où il va obligatoirement être déséquilibré et tomber au sol.
La femme représente la force, pendant que l’homme représente le vent.
Les pas recréent les mouvements des animaux. Les animaux sont très importants dans la culture Wayuu, ce sont les ancêtres, chaque animal a sa légende, chaque clan possède un emblème animal… Chaque pas, chaque animal est accompagné par son propre rythme de tambour.
La Mochila Wayuu
Wayuu, Peuple indigène de La Guajira

La mochila Wayuu est un des artisanats les plus fameux de Colombie, mais le rôle et l’esthétique de la mochila ne sont bien sûr pas dépourvus de sens dans la culture Wayuu.
Comme nous l’évoquions plus haut, dans la tradition Wayuu, c’est pendant l’encierro que les jeunes filles apprennent le métier de tisserande.
La légende raconte que c’est l’araignée Wale’Kerü qui a appris aux femmes à tisser la mochila. Wale’Kerü tissait toutes les nuits et le matin de magnifiques objets étaient confectionnaient.
Les Wayuu lui demandent comment elle arrivait à les fabriquer. Alors en échange de cadeaux Wale’Kerü décida de leur apprendre à tisser. Les Wayuu lui donnèrent des vêtements qu’elle mangea et de sa bouche sortit du fil de coton prêt à être tissé. Avec ce fil Wale’Kerü leur apprit les formes et les motifs et depuis, tout au long du rite de « l’encierro » les jeunes femmes apprennent à tisser auprès de leur grand-mère, de leur mère et de leur tante accompagnées par l’esprit de Wale’kerü.
La mochila est vue comme un corps vivant. La forme ronde de la mochila représente le ventre de la mère. La base de la mochila représente le nombril, le tour du sac c’est le corps, et l’anse, les bras et les jambes.
La base de la mochila est toujours constituée d’une spirale symbolisant la création de la vie et d’un kaanas (motif) qui représente le cosmos, le soleil, les étoiles. Sur le corps de la mochila, les kaanas représentent les histoires, les rêves, les chemins de vie de la femme. Chaque kaanas possède un nom et une signification.
Il y a une relation très étroite entre la femme et sa mochila et dans la tradition les mochilas n’étaient tissées que pour les proches. Par exemple pour réaliser sa première mochila une mère va tisser son fils. Quand on dit cela, on comprend qu’on ne tisse pas un objet chez les Wayuu, on tisse sa vie.
Comme nous l’explique notre amie Jeanne qui vit à Riohacha : « Nous avons un papier et un stylo pour conter les histoires, les Wayuu possèdent un fil et une aiguille. »
Contact expérience culturelle Wayuu
Vivre une expérience chez une famille Wayuu
Tourisme responsable
Notre amie Jeanne (française installée à Riohacha qui travaille avec les tisserandes Wayuu pour sa marque Mazonia) propose une belle immersion dans une rancheria. À l’opposée des traditionnelles « tarde de rancheria », cette expérience est centrée sur la rencontre et le partage de la vie quotidienne dans la communauté. Le temps d’une matinée ou d’une soirée, c’est avec un sentiment de privilège que vous approcherait au plus près des traditions Wayuu.