Sans aucun doute, le Sanctuaire de Las Lajas à Ipiales est un incontournable d'une visite à Pasto ou dans le département du Nariño en général. Et de notre point de vue il n'est pas nécessaire de vouloir traverser la frontière avec l'Équateur pour venir découvrir ce sublime département ! Pour nous, le Nariño mérite une visite lors de tout voyage en Colombie.
S'il est aisé de se rendre au sanctuaire de Las Lajas et de le visiter par ses propres moyens, nous ne pouvons que vous recommander de faire appel à Yurani, notre partenaire locale à Ipiales pour faire cette visite ! On vous raconte pourquoi dans cet article.
Spoiler : vous ne verrez plus le sanctuaire de Las Lajas de la même manière !
Sommaire
Articles connexes
Service Coup de coeur
On en avait marre de payer des frais à l’étranger
Alors depuis plusieurs années on utilise une carte bancaire gratuite spéciale voyageurs et on ne paye plus de frais à l'étranger, terminé !
Visite du sanctuaire de Las Lajas
Incontournable autour d'Ipiales et Pasto
Nous partons en direction d'Ipiales, mais surtout du Sanctuaire de Las Lajas, considéré par beaucoup comme la plus belle église de Colombie, quand d'autres parlent carrément de l'une des plus belles du monde !
Il faut dire que Las Lajas est une cathédrale assez unique en son genre.
D'abord pas sa situation géographique.
Situé à Ipiales, à 10km de la frontière avec l'Équateur, le sanctuaire de Las Lajas a été construit au fond d'un canyon encaissé où coule le río Guáitara et a donc demandé une masse de travail considérable.
Ensuite par le symbole qu'elle représente.
Le sanctuaire de Las Lajas a été construit à la suite d'un “miracle” définitivement attribué à la vierge Marie par l'église catholique en 1754.
Mais le plus intéressant dans tout cela c'est que nous sommes accompagnés par Yurani, guide indigène qui va nous raconter l'histoire “alternative” de ce lieu sacré pour la chrétienté.
Et comme souvent dans l'histoire de la colonisation, il est étroitement lié à cette volonté profonde de l'église catholique de venir écraser la culture et les croyances indigènes et de les remplacer par sa propre culture et ses propres croyances.
Nous descendons avec le téléphérique qui, même s'il pleut des trombes, donne une perspective intéressante sur l'édifice et sa situation au fond du canyon. Puis nous rejoignons à pied l'entrée du sanctuaire.
L'église a été construite en prenant comme base la paroi de la montagne d'où jaillissait la source. Lorsque l'on rentre dans la cathédrale, on peut témoigner du fait que le fond du cœur est constitué de la paroi rocheuse de la montagne.
Nous sommes en fin de journée, la nuit vient, les jeux de lumière multicolores illuminent l'édifice, les cloches sonnent, les pèlerins et visiteurs de toutes nationalités se pressent pour la messe de 18h, nous restons pensifs.
Le musée de Las Lajas est une étape intéressante, en particulier la salle des céramiques indigènes originales, pleines des symboles dont vous aurez entendu parler si vous allez visiter l'atelier du grand céramiste Miguel Angel de la Cruz (voir plus bas dans l'article).
En remontant vers le petit village de Las Lajas construit à l'époque pour accueillir les pèlerins, nous nous arrêtons pour goûter aux sucreries typiques de la région. Puis nous allons manger chez Doris qui propose une bonne cuisine locale chez elle dans sa maison transformée en tout petit restaurant appelé Mama Zoilita. Son hervido est à tomber par terre !
Bon à savoir
El Hervido
Boisson traditionnelle de la région du Nariño, c'est une infusion aux plantes et aux fruits frais (ce que l'on appelle une aromatica en Colombie) auquel on vient ajouter un goutte (ou deux) d'alcool. C'est excellent quand c'est bien préparé !
Un lieu sacré, deux histoires
Visite du Sanctuaire de Las Lajas
L'histoire que l'on vous racontera si vous allez seuls ou avec un guide classique visiter le sanctuaire de Las Lajas sera celle issue de la colonisation et de l'Église catholique.
Selon l'église, Maria Mueses était une femme indigène Pasto qui avait une fille, Rosa, qui était sourde et muette. Un soir où elles rentraient chez elles, surprises par l'orage, elles se réfugièrent dans un creux formé dans la paroi du Canyon du rio Guáitara.
Elles attendaient que l'orage passe quand soudain, Rosa, supposément muette, se tourna vers sa mère et s'exclama “mama, mama, la mestiza me llama” (maman, maman, la métisse m'appelle) en apercevant une figure qui brillait sur la paroi.
L'église attribua ce miracle à la vision de la vierge et l'on décida de construire un sanctuaire autour de la source en hommage à la vierge.
Mais ce que l'on sait moins c'est que la construction de cet édifice religieux venait écraser à la fois un site physique où se situait la source et un site spirituel indigène en empêchant la poursuite des pratiques de médecine traditionnelle par les populations locales
Car selon la tradition Pasto, cette fameuse source et ce canyon du río Guáitara en général, était un lieu sacré, et ce bien avant l'arrivée des Espagnols et des évangélisateurs. Bien avant la supposée apparition de la vierge au même endroit.
C'était un “pont énergétique” entre le monde terrestre et le monde des esprits. Et les chamanes utilisaient l'eau de la grotte pour leur pratique de la médecine traditionnelle. Et figurez-vous que Maria Mueses n'était pas une simple femme indigène qui passait par là. C'était une “chamanes”, une “femme médecin”, qui pratiquait la médecine et les rites ancestraux avec l'eau de cette source…
Voilà encore une fois un bel exemple d'acculturation, principe fondateur de la colonisation et de l'Église catholique. Ou comment utiliser les traditions existantes pour les écraser, les transformer et les remplacer par les croyances chrétiennes du dominant. Partout en Colombie l'église a construit ses églises sur d'anciens temples ou lieux de cultures indigènes. Partout en Colombie, des divinités ancestrales ont été remplacées par le Dieu chrétien, leur Jésus ou leur Marie.
Pourtant encore aujourd'hui, le syncrétisme est si fort que les médecins traditionnels viennent prier la vierge de Las Lajas pour réaliser leurs travaux spirituels de guérison !
Céramique ancestrale
Que faire autour de Las Lajas
Associé à cette visite du sanctuaire de Las Lajas, Yurani nous a amenés découvrir un artisan pas comme les autres. Miguel Angel de la Cruz est un maitre en céramique indigène. Depuis son plus jeune âge il a appris les gestes d'un artisanat ancestral qui était pratiqué par ses ancêtres Pastos.
Son atelier situé à quelques minutes du sanctuaire de Las Lajas permet à la fois de découvrir des pièces originales issues de la tradition indigène Pasto mais également d'apprendre cette technique unique qui consiste à confectionner des pièces uniquement à la main, sans tour, sans artifices, sans rien.
Miguel est un gardien du savoir et possède une connaissance approfondie des techniques et des significations de chaque pièce, de chaque dessin, de chaque couleur… Car si dans la tradition indigène la céramique était bien sûr utilisée à des fins domestiques, pour boire, pour manger, etc. elle était aussi utilisée pour raconter des histoires, des mythes, une cosmogonie.
Dans la pièce d'accueil de son atelier, Miguel vend des pièces qui sont des répliques plus vraies que nature des céramiques originales qu'on retrouvait notamment dans les sépultures indigènes.
Aujourd'hui Miguel propose des petits ateliers pour apprendre à fabriquer une petite pièce de céramique en utilisant cette technique ancestrale. Nous avons tenté de fabriquer une sorte de pot rond, et c'est si compliqué d'arriver à modeler une forme parfaite uniquement avec ses mains !
Encore une belle rencontre !
Contact pour visiter la région d'Ipiales
Agence locale indigène
Tourisme responsable
L'agence de Yurani promeut un tourisme communautaire d'initiative indigène. Les expériences proposées offrent bien sûr les activités les plus réputées de la région d'Ipiales (Las Lajas, Volcan Cumbal, Laguna de la Bolsa, Chemin Inca, etc.) mais elles sont en plus en lien direct avec les populations paysannes et indigènes de la région. Pour une véritable immersion culturelle sur le territoire.
Où loger à Ipiales
Ipiales
Hotel
Hotel Loft Ipiales
Des belles chambres type loft, amples et confortables, pour cet hotel situé en plein centre historique d'Ipiales. Certaines chambres ont un balcon, la vue sur les toits de la ville, le personnel est aimable et l'hotel possède un parking en sous-sol.
Ipiales
Hotel
Hotel Royal Class
Un hotel basique mais propre, bon marché et bien situé proche du terminal de bus, pratique pour ceux qui veulent passent la frontière entre la Colombie et l'Equateur.
Ipiales
Hotel
Hotel Suiza Apartements
C'est ici que nous avons logé à Ipiales. L'hotel est parfaitement situé en plein centre d'Ipiales. Ce sont de vrais appartements où l'on peut cuisiner, certains manquent peut-être un peu de lumière mais le personnel est au petits soins.
Comment se rendre à Ipiales
En bus depuis Pasto
- Durée : 2h
- Tarif : environ $20.000 COP
- Entreprises : Transipiales, Fronteras, Expreso Bolivariano
- Départs fréquents toute la journée
En bus depuis Tulcan
Depuis la ville de Tulcan en Équateur, il faudra prendre un bus pour couvrir les 7km qui vous séparent du Puente Internacional Rumichaca qui marque la frontière avec la Colombie. Sur place vous devrez traverser la frontière à pied en passant par chaque bureau d'immigration. Le temps d'attente peut varier considérablement en fonction du monde présent pour faire la queue (patience !). Une fois passée la frontière, des bus vous attendent pour terminer les 3km restant jusqu'au terminal de transport d'Ipiales.
Important : Il est possible de passer la journée à Ipiales ou à Tulcan sans passer par la migration, mais si vous souhaitez rester dans le pays plus d'une journée ne passez pas la frontière sans passer par la migration où vous serez considéré en situation illégale.
- Durée Tulcan – Rumichaca : environ 30 min
- Tarif : environ $3.000 COP
- Départs fréquents toute la journée
Dans les deux cas, des taxis sont également disponibles des deux côtés de la frontière.
- Durée Rumichaca – Ipiales : environ 15 min
- Tarif : environ $3.000 COP
- Départs fréquents toute la journée
Important : n'acceptez pas les services de transports informels ou de passages de frontière illégaux.
